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Les fonds euros en assurance vie française

  • Photo du rédacteur: Strateg'Inov
    Strateg'Inov
  • 7 avr.
  • 8 min de lecture

Entre sécurité, performance et évolution réglementaire


L'assurance vie demeure le placement préféré des Français, avec plus de 1 800 milliards d'euros d'encours,dont une part significative investie sur les fonds euros. Ces supports d'investissement, spécificité française, ont longtemps incarné le compromis idéal entre sécurité et rendement, offrant aux épargnants une garantie du capital, un effet cliquet sur les intérêts et une disponibilité permanente de l'épargne.


Cependant, l'environnement économique et réglementaire a considérablement évolué ces dernières années, transformant progressivement la nature et le fonctionnement des fonds euros. Dans cet article, nous explorerons en profondeur l'univers des fonds euros en assurance vie française, leurs mécanismes de boost de rendement, les implications de la loi Sapin, et comparerons les performances des principaux assureurs du marché.


Qu'est-ce qu'un fonds euros ?

 

Le fonds euros constitue le socle historique de l'assurance vie française et demeure l'un des placements préférés des épargnants en quête de sécurité. Contrairement aux idées reçues, ce support d'investissement n'est pas un simple livret bancaire mais un placement sophistiqué dont le fonctionnement mérite d'être bien compris.


Les trois piliers de sécurité du fonds euros


Le fonds euros repose sur trois caractéristiques fondamentales qui en font un placement unique dans le paysage financier français :


La garantie du capital : L'assureur s'engage contractuellement à restituer l'intégralité des sommes versées, quelles que soient les conditions de marché. Cette garantie est apportée par l'assureur lui-même, qui doit disposer de fonds propres suffisants pour honorer cet engagement.


L'effet cliquet : Les intérêts générés chaque année sont définitivement acquis et s'ajoutent au capital garanti. Ce mécanisme empêche toute perte sur les gains déjà réalisés, à l'image d'une roue crantée qui ne peut tourner que dans un sens. Ainsi, même en cas de baisse des marchés financiers, les performances passées restent sécurisées.



La disponibilité permanente : L'épargne investie sur un fonds euros reste accessible à tout moment, sans pénalité liée au support lui-même. Cette liquidité constitue un atout majeur, même si des frais de rachat peuvent s'appliquer pendant les premières années du contrat d'assurance vie.


La composition d'un fonds euros : un portefeuille diversifié


Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, le fonds euros n'est pas uniquement investi en euros ou en monnaie.

Il s'agit d'un portefeuille diversifié, géré par l'assureur, dont la composition typique se répartit comme suit :



Cette allocation prudente explique à la fois la sécurité du fonds euros et son niveau de rendement modéré par rapport à des placements plus risqués.


Le rendement des fonds euros : une performance raisonnable


Le rendement moyen des fonds euros s'établit à environ 2,6% en 2024, en légère hausse par rapport aux années précédentes. Cette performance, bien que modeste comparée aux actions sur le long terme, reste attractive compte tenu du niveau de sécurité offert et de la remontée récente des taux d'intérêt.



Il est important de noter que ce rendement est net de frais de gestion mais avant prélèvements sociaux (17,2%) et fiscalité éventuelle. La performance réelle pour l'épargnant dépend donc de sa situation fiscale et de l'ancienneté de son contrat.



Les mécanismes de boost de rendement des fonds euros

 

Face à la baisse tendancielle des rendements des fonds euros ces dernières années, les assureurs ont développé des stratégies innovantes pour maintenir l'attractivité de leurs contrats d'assurance vie. Ces mécanismes de "boost" permettent de dynamiser la performance des fonds euros, généralement en contrepartie d'une diversification vers des supports plus risqués.


Pourquoi booster les fonds euros ?


La nécessité de booster les fonds euros s'explique par plusieurs facteurs convergents :


La baisse des taux obligataires : Les fonds euros étant majoritairement investis en obligations, leur rendement a mécaniquement diminué avec la baisse des taux d'intérêt observée jusqu'à récemment.


Les contraintes réglementaires : La directive Solvabilité II impose aux assureurs de détenir davantage de fonds propres pour garantir les capitaux placés sur les fonds euros, rendant ces derniers plus coûteux à gérer.


Les attentes des épargnants : Malgré l'environnement de taux bas, les épargnants continuent d'espérer des rendements attractifs tout en conservant la sécurité du capital.


Les deux principaux types de boost


Les bonus sur versements


Ces bonus s'appliquent uniquement aux nouveaux versements effectués sur le contrat d'assurance vie, et non à l'épargne déjà constituée.


Principe : L'assureur s'engage à bonifier le rendement du fonds euros pour tout nouveau versement effectué pendant une période déterminée, généralement sous condition d'investir parallèlement une part minimale en unités de compte.


Exemple concret : Un assureur propose un bonus de 1,5% sur la part investie en fonds euros, à condition que le versement global comporte au moins 50% d'unités de compte. Si le rendement de base du fonds euros est de 2%, l'épargnant bénéficiera d'un taux bonifié de 3,5% sur la partie sécurisée de son versement.


Les bonus sur encours


Ces bonus concernent l'ensemble des sommes déjà placées sur le fonds euros, et non uniquement les nouveaux versements.


Principe : L'assureur majore le taux de rendement annuel du fonds euros, appliqué à l'intégralité de l'épargne investie sur ce support, sous certaines conditions.


Conditions typiques :

  • Un niveau minimum d'encours sur le contrat (par exemple, plus de 100 000 €)

  • Une proportion minimale d'unités de compte dans l'allocation globale du contrat

  • Une ancienneté minimale du contrat ou une période de détention sans rachat


Avantages et inconvénients des mécanismes de boost


Les avantages :

  • Une amélioration substantielle du rendement des fonds euros, qui peut parfois doubler le taux de base

  • La possibilité de bénéficier simultanément de la sécurité du fonds euros et du potentiel de performance des unités de compte

  • Une incitation à diversifier son allocation d'actifs, conformément aux bonnes pratiques de gestion patrimoniale


Les inconvénients :

  • Une prise de risque accrue liée à l'investissement en unités de compte, qui peut entraîner des pertes en capital

  • Des conditions parfois complexes à comprendre et à comparer entre les différentes offres

  • Une durée souvent limitée des boosts sur versements, qui retrouvent le taux standard après la période promotionnelle



La loi Sapin et ses implications pour les fonds euros

 

La loi Sapin 2, adoptée en 2016, a introduit des dispositions importantes qui concernent directement les contrats d'assurance vie et plus particulièrement les fonds euros. Ces mesures, bien que jamais activées à ce jour, constituent un changement significatif dans la nature même des fonds euros et méritent d'être bien comprises par les épargnants.


Qu'est-ce que la loi Sapin 2 ?


La loi Sapin 2, dont le nom complet est "Loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique" , comporte un article 49 qui confère des pouvoirs exceptionnels au Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) concernant les contrats d'assurance vie.


Cette législation a été élaborée dans un contexte économique particulier, marqué par des taux d'intérêt historiquement bas et des préoccupations croissantes concernant la stabilité du système financier. L'objectif principal était de doter les autorités d'outils préventifs pour faire face à d'éventuelles crises systémiques.


Les pouvoirs accordés au HCSF


Le Haut Conseil de Stabilité Financière, présidé par le ministre des Finances et composé de personnalités éminentes du monde financier, peut désormais prendre plusieurs types de mesures exceptionnelles :

  • Limitation ou suspension des rachats : Le HCSF peut temporairement limiter ou suspendre la faculté des épargnants d'effectuer des retraits sur leurs contrats d'assurance vie.

  • Restriction des arbitrages : Le Conseil peut également limiter la possibilité d'effectuer des arbitrages entre les différents supports du contrat.

  • Limitation des versements : Le HCSF peut restreindre la possibilité de faire de nouveaux versements sur les fonds euros.

  • Modulation des règles de participation aux bénéfices : La loi autorise le Conseil à modifier temporairement les règles de distribution des rendements.


Conditions et durée d'application


Ces pouvoirs exceptionnels ne peuvent être exercés que dans des circonstances bien définies :

  • Uniquement en cas de "risques représentant une menace grave et caractérisée pour la situation financière des organismes d'assurance ou pour la stabilité du système financier"

  • Pour une période initiale de trois mois, renouvelable

  • La limitation temporaire des retraits ne peut être maintenue plus de six mois consécutifs


Impact concret pour les fonds euros


La principale implication de la loi Sapin 2 concerne la liquidité des fonds euros. Alors que la disponibilité permanente de l'épargne constituait jusqu'alors l'une des caractéristiques fondamentales de ces supports, la loi introduit une réserve importante à ce principe.


Le scénario de crise que cette loi cherche à prévenir est celui d'une remontée brutale des taux d'intérêt qui entraînerait un mouvement massif de retraits des fonds euros. Dans une telle situation, les assureurs se verraient contraints de vendre rapidement une partie importante de leur portefeuille obligataire à perte, mettant potentiellement en péril leur solvabilité.


Il est important de noter que ces mesures n'ont jamais été activées depuis l'adoption de la loi en 2016, ce qui témoigne de la stabilité du secteur de l'assurance vie française malgré les turbulences économiques.


Les alternatives pour les épargnants


Face aux implications potentielles de la loi Sapin 2, les épargnants disposent de plusieurs alternatives pour organiser leur épargne de manière optimale :

  • La diversification au sein de l'assurance vie : Répartir son épargne entre fonds euros et unités de compte

  • Les contrats d'assurance vie luxembourgeois : Bénéficiant du "super privilège luxembourgeois"

  • La diversification patrimoniale globale : Répartir son patrimoine entre différentes classes d'actifs et enveloppes fiscales


Tableau comparatif des rendements des fonds euros

 

Les rendements des fonds euros varient significativement d'un assureur à l'autre, reflétant des stratégies d'investissement et des politiques commerciales différentes. Voici une analyse comparative des performances proposées par nos quatre assureurs partenaires : Nortia, Vie Plus, Cardif, UAF Life et Selencia.



Assureur

Fonds euros

Rendement 2024

Mécanismes du boost

Conditions d'accès

Spécificités

Nortia

Fonds actif général La Mondiale

2,50%

Bonus de 2,50% sur versements 2024-2025

Conditions d'allocation en UC

Rendement potentiel total : 5,00%

Vie Plus (Suravenir)

Fonds euros standard

2,50%(gestion libre) 2,80%(mandat)

Bonification à 3,00% (≥50% UC) Bonification à 3,20% (≥70% UC)

Via CGP partenaires

Taux minimum garanti 2025 : 2,25%

Cardif

Fonds euro standard

2,90% (taux

moyen)

Jusqu'à 4,75% selon

conditions

Variable selon

contrat

Approche modulable

UAF Life 

EURO+ (Swiss Life)

3,60% 

Aucun

Sans frais sur

versements

Meilleure

performance sans

condition

UAF Life

FONDS EUROS OBJECTIF CLIMAT

3,31% 

Selon conditions 

Variable

Orientation ESG

Selencia

FONDS EURO

2,5%

Bonus de 1,40 % (≥30% UC)

Conditions d'allocation en UC

Meilleur compromis


Conclusion

 

Les fonds euros, loin d'être des produits financiers simples, constituent des supports d'investissement sophistiqués dont la nature et le fonctionnement ont considérablement évolué ces dernières années. Leur composition, de plus en plus diversifiée, témoigne de la capacité d'adaptation des assureurs face aux défis d'un environnement économique changeant.


Les mécanismes de boost de rendement mis en place par les assureurs illustrent parfaitement cette évolution. Qu'il s'agisse de bonus sur versements ou sur encours, ces dispositifs permettent de dynamiser la performance des fonds euros, généralement en contrepartie d'une diversification vers les unités de compte.


La loi Sapin 2, en donnant au Haut Conseil de Stabilité Financière des pouvoirs exceptionnels pour préserver la stabilité du système financier, a introduit une dimension systémique dans la gestion de l'épargne en assurance vie. Si ces dispositions n'ont jamais été activées depuis leur création en 2016, elles nous rappellent que la sécurité absolue n'existe pas en matière financière et que la meilleure protection réside dans une allocation d'actifs équilibrée.


L'analyse comparative des rendements proposés par nos assureurs partenaires révèle une diversité d'approches et de stratégies. Chaque assureur a développé sa propre réponse aux défis actuels, qu'il s'agisse de boosts agressifs sur les nouveaux versements, de bonifications progressives selon l'allocation, d'offres modulables ou de performance intrinsèque sans condition.


Dans ce contexte en mutation, les fonds euros demeurent un pilier essentiel de l'épargne française, offrant un socle de sécurité précieux dans une stratégie patrimoniale diversifiée. Pour l'épargnant averti, ils constituent plus que jamais un outil incontournable, à condition de les intégrer dans une approche globale et réfléchie de la gestion de patrimoine.


 
 
 

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